Moi singe
création mondiale
aide à l’écriture d’une œuvre musicale originale 2017 (ministère de la Culture)
théâtre musical pour deux chanteurs, six musiciens et électronique
Musique, mise en scène, livret, Januibe Tejera (2016-17)
Livret d’après Rapport pour une académie (1917) de Franz Kafka
Réalisation informatique musicale, Dionysios Papanicolaou
Scénographie, Jean-Baptiste Bellon
Vidéo, Marie-Anne Bacquet
Ingénieur du son, Patrice Fessel
Régie générale, création lumières, Raphaël Siefert
Accroche Note
HANATSU miroir
Soprano, Françoise Kubler
Baryton, Thill Mantero
Coproduction Accroche Note, HANATSU miroir, Césaré CNCM/Reims et Musica, avec le soutien de la Fondation Francis et Mica Salabert
Avec le soutien de :
Fin du spectacle : environ 19h40
Moi singe par Januibe Tejera
Argument
Moi singe est basé sur le texte original Rapport pour une académie (Ein Bericht für eine Akademie) de Franz Kafka, texte où l’humour et la critique politique viennent mettre en perspective l’adaptation de l’individu face à la société.
Ici, un être avec un passé de singe vient présenter à l’Académie des Sciences son long périple pour devenir un homme et s’intégrer à la société. À travers un récit acide et direct, teinté d’humour noir, le sauvage décrit sa méthode d’adaptation à la culture humaine et sa perception de ce que nous nommons communément l’Humanité.
Le personnage, métaphore de l’individu mi-sauvage, mi-social, présente son analyse sur le combat entre l’identité personnelle face aux règles du groupe humain, ainsi que l’habitude et le silence face aux absurdités de la société.
Le monodrame se présente comme une sombre conférence directement adressée au public, où Pierre le rouge, notre sauvage transformé en homme, s’adapte à la voix humaine et à son langage pour retranscrire son regard et relater son absurde voyage.
Musique
La force du texte de Kafka donne sa couleur à l’idée musicale. La pièce conserve son cadre : une « conférence » adressée au public. Mais par la caractéristique de notre personnage narrateur, moitié singe moitié humain,
la voix se veut alors hybride, jouant à la frontière de l’homme et de l’animal.
Le personnage ne parle pas d’une voix comme la nôtre. C’est une voix empreinte de deux mondes, deux personnages, une voix en deux voies. C’est justement dans cette quête de la rencontre de sa propre voix que la musique surgit comme une nécessité à ce discours.
Afin de jouer sur le caractère ambigu et inhumain du personnage, sa voix est réalisée par deux chanteurs (un homme et une femme) créant une sorte de « Cerbère » musical. Ce récit est « augmenté » par un petit ensemble, créant un personnage hybride entre voix/instrument/électronique. Ce modèle polyphonique offre maintes possibilités d’utilisation du texte (superposé, fragmenté…) et la conférence devient plurielle, autant que le sont les possibilités de son interprétation. C’est une voix polyphonique qui se présente, où chacun peut se retrouver.
Au delà du rapport texte/musique (sémantique/contenu musical), la musique donne vie à l’espace de la conférence. C’est elle qui amplifie la force de la scène. C’est une autre voix, une voix sans texte. Elle a aussi le pouvoir d’ouvrir des fenêtres pour la mise en scène, là où notre personnage ne peut parler,
là où l’action ne peut trouver de mots, permettant des sections sans texte, et en dialogue avec d’autres éléments de la mise en scène (images, décor, etc.).
À mi-chemin entre l’oratorio et l’opéra, la conférence surréaliste est guidée par l’idée de transmutation, de métamorphose, si chère à Kafka. L’univers sonore s’en inspire et veut augmenter cette transformation continue que subit notre personnage, donnant vie et corps à son discours, toujours ponctué d’humour noir. L’écriture instrumentale et électronique en découlent, employant différentes démarches de mon travail (le zoom musical, l’instrument/voix augmenté, l’interférence, la saturation du discours, etc.).
Théâtre musical
De même que la musique, la construction théâtrale puise dans le texte de Kafka. La scène garde le format d’une conférence surréaliste où un singe parle en s’adressant au public. Placé au centre de la scène, les deux chanteurs se superposent ou intercalent à tour de rôle leur discours dans un jeu théâtral et musical en rapport avec le texte. C’est un portrait de la violence subie, une violence teintée d’humour, retranscrite par la mise en scène et ses décors.
Le texte même de Kafka nous présente la situation du personnage (boitements, douleurs physiques, résultant du trauma lié à son domptage et à ses années de vaudeville). Les musiciens, visibles sur la scène, entourent les chanteurs et délimitent l’espace scénique : la salle de conférence de l’Académie des sciences. Quelques éléments scéniques viennent donner vie à la scène : une petite estrade, un projecteur, des chaises. Et la conférence débute… entre lecture factice d’un texte et souvenirs qui en découlent. Il s’agit ici de donner vie à un discours, de l’amplifier et interférer dans son contenu, de mettre en mouvement le texte par la musique et la scène.
L’électroacoustique
Afin de donner voix à notre personnage, l’électroacoustique est d’une importance fondamentale. Elle est fondatrice de l’écriture instrumentale.
La création de la voix du personnage est composée avec et par la voix des chanteurs/acteurs. Pour cela, l’écriture électroacoustique a recours à un travail de transformation en temps réel, et d’amplification des voix directes
(il s’agit d’une voix entre parlé et chanté).
L’écriture électroacoustique donne également corps à la création de l’ambiance sonore qui accompagne cette sombre conférence (qui nous fait inévitablement penser à la Vénus hottentote, longtemps gardée au Musée de l’Homme à Paris).
Les auteurs
Januibe Tejera, musique
Brésil (1979)
Januibe Tejera se démarque par son travail influencé à la fois par l’écriture théâtrale et par les musiques de tradition orale, univers qui l’accompagnent tout au long de son parcours. Sa musique, jouée par des interprètes renommés tels que l’Ensemble intercontemporain, Ictus, l’Ensemble Modern, la Camerata Aberta ou encore l’Orchestre Philharmonique de Radio France, fait partie de la programmation des principaux festivals et événements en Europe et en Amérique.
Son travail a été reconnu à maintes reprises par différents prix, bourses et commandes, aussi bien en France qu’à l’étranger, notamment par la Fondation Salabert, la Fondation Nadia et Lili Boulanger, Radio France, le Ministère français de la Culture et de la Communication, le Ministère de la Culture du Brésil, le Prix San Fedele et le Prix Franz Liszt.
En 2014-15, il est artiste en résidence à la Casa de Velázquez (Académie de France à Madrid). Actuellement, Januibe Tejera est compositeur résident auprès de la Muse en Circuit, de l’Ensemble Vertixe Sonora (Espagne) ainsi que du collectif Warning (France), qui crée cette année son spectacle Insanæ Navis au Théâtre de Vanves.
Diplômé du CNSMD de Paris, du cursus de l’Ircam et titulaire d’un bachelor en composition musicale de l’Université Fédérale du Rio Grande do Sul, il a pu bénéficier, entre autres, d’une formation aux côtés de Gérard Pesson,
Luis Naon, Yan Maresz, Flávio Oliveira et Tom Mays.
Outre son activité de compositeur, Januibe Tejera enseigne la composition au Conservatoire de Bagnolet et à l’Université Paris-Est. Il a été directeur artistique du Festival Contemporanea-RS et directeur musical de diverses formations instrumentales et vocales.
Un projet de spectacle est en préparation, et sera créé en mars 2018 avec l’Ircam et TM+ à la Maison de la musique de Nanterre.
www.januibetejera.com
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Dionysios Papanicolaou, réalisation informatique musicale
Grèce
Dionysios Papanicolaou est auteur-compositeur, sound-designer, performer et réalisateur en informatique musicale. Après des études de droit et d’instrument (violon, piano, mandoline) en Grèce, il s’installe à Paris en 2007 pour continuer ses études en composition instrumentale et électroacoustique. En 2010, il obtient un master 2 à l’université Paris 8 (département Composition Assistée par Ordinateur) et remporte le Prix de composition au Conservatoire de Boulogne-Billancourt. Après avoir enseigné la Composition Assistée par Ordinateur à l’Université Paris-Est Marne-La-Vallée (2013-14),
il suit le Cursus de l’Ircam et la formation de réalisateur en informatique musicale dans le cadre de ManiFeste. Depuis 2015, il travaille pour le projet Ariane# (sessions de formation aux professionnels de l’enseignement musical) comme enseignant, assistant de production et réalisateur en informatique musicale.
Ses projets récents l’ont mené à collaborer avec des compositeurs (Lorenzo Bianchi Hoesch, Januibe Tejera, Nicolas Tzortzis), danseurs (Maria Donata D’Urso), instrumentistes (Elena Kakaliagou, Géraldine Thébault, Lucas Gaudin) et musiciens de musiques traditionnelles (Ourania Lampropoulou), jazz, soul et punk. Ses œuvres ont été présentées lors de différents festivals et workshops en France (Détours de Babel, FIMU), Angleterre (World Saxophone Congress XVI), Grèce (Electric Nights), Allemagne (Klangwerkstatt), Autriche (MusikMarathonV) et Finlande (Doubts).
Depuis 2007, il fait partie du collectif Unmapped dédié à l’improvisation avec des outils électroacoustiques, qui a sorti deux disques en 2015 pour ELLI Records et Tsuku Boshi.
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Jean-Baptiste Bellon, scénographie
France
Les domaines d’expérimentation de Jean-Baptiste Bellon sont d’abord le cinéma (court-métrages, animation, super 8 et 16 mm expérimental), la photographie et la bande dessinée. Converti à l’art dramatique sur les bancs de l’Université de Provence, il travaille avec Danielle Bré, Pierre Maillet, Leopold von Verschuer et Louis Dieuzayde, tout en étudiant en parallèle les arts plastiques. En 2008, il sort diplômé de l’École Nationale Supérieure d’Art Dramatique du Théâtre National de Strasbourg, où il a reçu les enseignements, entre autres, de Christian Rätz, Pierre-André Weitz, Daniel Jeanneteau, Didier Payen et Richard Brunel.
Ces dernières années, il a réalisé les scénographies de En attendant Godot (Beckett) mis en scène par Laurent Vacher au Théâtre de Poche de Genève, Combat de nègres et de chiens de Koltès, également mis en scène par
Laurent Vacher, au Château Rouge à Annemasse ainsi qu’Antigone (Sophocle/Brecht) mis en scène par Lucie Bérelowitsch au Trident à Cherbourg, au CDN de Caen et au Dahk Teatr de Kiev.
http://jeanbaptiste-bellon.com
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Marie-Anne Bacquet, vidéo
France
Plasticienne et scénographe, Marie-Anne Bacquet a étudié les arts numériques à l’Académie des Arts d’Islande et la scénographie à l’école des Arts Décoratifs de Strasbourg. Elle travaille pour plusieurs compagnies théâtrales et musicales et a créé en 2008 le collectif de performance en vidéo d’animation « Live Animated Orchestra ».
Toute sa recherche porte sur la dématérialisation des images, par la vidéoprojection sur des objets flottants ou insolites, ou par l’intégration de l’artiste composant la vidéo en temps réel afin de créer un décalage entre l’image et ses moyens de construction.
Mais son amour pour la musique la pousse à se familiariser avec les lois de la reproduction sonore et de l’acoustique. Elle apprend, au gré des projets, à créer des espaces dédiés à l’écoute.
Sa quête pourrait donc se résumer en cette phrase : faire de l’espace le médium qui réconciliera les yeux et les oreilles…
Les interprètes
Françoise Kubler, soprano
France
Françoise Kubler consacre la majeure partie de ses activités au répertoire contemporain et à la création. Elle est l’interprète privilégiée de compositeurs comme Philippe Manoury, François-Bernard Mâche, Georges Aperghis ou encore Ivan Fedele. Elle intègre également à son large répertoire des œuvres classiques, romantiques et modernes, tout en participant à plusieurs formations de jazz. Françoise Kubler s’est produite avec des chefs prestigieux – David Robertson, Pierre Boulez ou Peter Eötvös – et des formations comme Ictus, l’Ensemble intercontemporain ou l’Orchestre Philharmonique de Radio France. Avec l’ensemble Accroche Note, elle assure la création de très nombreuses œuvres de Marc Monnet, Wolfgang Rihm, Christophe Bertrand, Pascal Dusapin ou encore Ahmed Essyad. Elle enseigne le chant contemporain au Conservatoire de Strasbourg.
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Thill Mantero, baryton
France/Italie
Thill Mantero nourrit depuis toujours une passion pour la musique et le théâtre, ce que le chant lui permet de combiner. Il effectue une grande partie de sa scolarité et de sa formation musicale en Angleterre. Il intègre le Trinity College of Music de Londres tout en suivant parallèlement différents cours d’art dramatique. Il participe par ailleurs au programme de formation de l’English National Opera et chante alors dans des productions lyriques telles que Vanessa de Barber ou Beatrice Cenci de Goldschmidt. À 23 ans, il passe une année aux États-Unis et travaille au Castillo Theatre de New York.
Thill Mantero s’est produit notamment dans Les Noces de Figaro, Carmen et Le Songe d’une nuit d’été mais également dans un répertoire de musique sacrée et de musique de chambre. Il n’hésite pas à intégrer des projets originaux, comme en 2015 le « Bal contemporain » présenté au festival Musica ou en 2017 une production du Don Quichotte de Cervantès avec musique, marionnettistes et comédiens. À Musica, on a également pu l’entendre dans l’opéra Aliados de Sebastian Rivas, avec T&M-Paris (2013).
www.thillmantero.com
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Accroche Note
France
Créé en 1981 autour de Françoise Kubler et Armand Angster, Accroche Note investit de manière multiple le répertoire des musiques d’aujourd’hui.
La souplesse de son effectif – du solo à l’ensemble de chambre – lui permet d’aborder en différents projets les pages historiques, la littérature instrumentale et vocale des XXe et XXIe siècles ainsi que les musiques improvisées.
L’ensemble s’engage dans la création contemporaine avec la même énergie et la même conviction sans faille grâce à une politique active de commandes, et travaille en étroite collaboration avec les compositeurs. Parmi les créations récentes d’Accroche Note figurent notamment des œuvres de Pascal Dusapin, Pierre Jodlowski, Luis Naon, Alberto Posadas, Philippe Manoury, Ivan Fedele, Marco-Antonio Perez-Ramirez, Zad Moultaka et Bruno Mantovani.
Cet attachement à la création fait partie des exigences premières de l’ensemble, invité par les plus importantes manifestations internationales.
Sa riche discographie comprend de nombreux portraits monographiques (James Dillon, Pascal Dusapin ou Morton Feldman). Formidable témoin de la force créatrice d’Accroche Note et de sa complicité fidèle avec le festival Musica, le double CD Accroche Note : 30 ans de création à Musica est sorti en 2013 chez L’Empreinte Digitale.
Accroche Note a récemment produit l’enregistrement Solo clarinet avec Armand Angster et le DVD Ombra consacré à Pierre Jodlowski.
En 2017, Accroche Note était en concert au Festival Présences de Radio France, avec un programme de créations de Lopez Lopez, Gervasoni, D’Adamo, Ishida, Lanza et Murail.
Accroche Note est un ensemble conventionné par le Ministère de la Culture – Direction Régionale des Affaires Culturelles Grand Est et la Ville de Strasbourg, et soutenu par la Région Grand Est,
le Conseil départemental du Bas-Rhin, la Spedidam et la Sacem.
L’Ensemble est partenaire du Portail de la musique contemporaine.
www.accrochenote.com
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HANATSU miroir
France
De la rencontre entre la flûtiste Ayako Okubo et le percussionniste
Olivier Maurel naît en 2010 HANATSU miroir, ensemble à géométrie variable dédié à la création et au répertoire contemporain. L’approche artistique d’HANATSU s’inscrit dans une démarche pluridisciplinaire – convoquant peinture, scénographie, arts plastiques, danse ou encore formes théâtrales – adaptée à chaque compositeur et à chaque projet.
Le répertoire de l’ensemble se dote ainsi de nouveaux médiums qui, intégrés au jeu des interprètes, guident les perceptions musicales du public, et révèlent ou amplifient les intentions du compositeur.
HANATSU miroir cherche avant tout à tisser des liens, construire des ponts entre les cultures, les interprètes et les compositeurs, les civilisations et leurs arts, les musiques et leur public. L’interdisciplinarité, la dimension internationale, les connexions interculturelles, la qualité des interprètes ainsi que du répertoire et des créations sont des axes fondamentaux autour desquels s’articule le travail de l’ensemble.
Parmi ses dernières créations figurent Requiem en 2015 (musique de Gualtiero Dazzi, scénographie et vidéo de Marie-Anne Bacquet) et La Vallée des Merveilles en 2016 (musique de Maurilio Cacciatore, chorégraphie de Noëllie Poulain et peinture de Yon Costes). L’ensemble sera en tournée au Japon en 2018, et sortira un disque consacré à la musique de Samuel Andreyev (label Kairos).
L’ensemble HANATSU miroir reçoit le soutien de la DRAC Grand-Est, Strasbourg-Eurométropole, la Sacem, la SPEDIDAM, la Fondation Francis et Mica Salabert. + DICREAM en attente
www.hanatsumiroir.fr